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Avez-vous déjà tenté de définir le terme « émotion » ? Les mots les plus familiers ne sont pas forcément les plus aisés à définir. Cet article propose une définition de l’émotion en 5 points, à la lumière des connaissances et théories scientifiques actuelles.
Un processus rapide : Une émotion est le résultat d’un processus rapide provoquant un état dont la durée varie de quelques secondes à quelques minutes. Cet état émotionnel, limité dans le temps, ne doit pas être confondu avec un trait émotionnel. On parlera de trait d’anxiété, par exemple, pour qualifier un individu de nature anxieuse.
Un évènement déclencheur : Ce processus est initié par la présence d’un évènement déclencheur. Ce dernier peut correspondre à un objet perçu, une information ou une situation particulière dans laquelle on se trouve soudainement. Cet évènement déclencheur peut être fictif. En effet, on peut avoir peur, assis en toute sécurité dans un fauteuil de cinéma ou en lisant un roman, installé tranquillement chez soi au coin du feu. Cet événement déclencheur peut être également imaginé : une émotion peut être produite en générant des images mentales de différents types de situations, comme imaginer son chat écrasé par une voiture, ou s’imaginer gagner une compétition.
Un évènement pertinent : Cet évènement déclencheur doit toutefois posséder une caractéristique bien spécifique : il doit être « pertinent » pour la personne en question. En deux mots, cet évènement doit « la toucher ». Cette notion de pertinence est complexe. Prenons l’exemple d’un gâteau au chocolat truffé. Pour un amateur de ce type de dessert, la présence du gâteau pourra générer une émotion, mais cette émotion sera différente selon l’état physiologique de l’intéressé. S’il se trouve dans un état de faim, la présence du gâteau générera du désir ; s’il vient de terminer un copieux repas, elle pourra générer du dégoût. La pertinence peut donc varier d’un individu à l’autre et d’un moment à l’autre chez un même individu. En-dehors de situations de faim ou de soif, où l’on parle de pertinence biologique incitant l’individu à satisfaire un besoin, il existe une large variété de situations et d’objets pertinents : un serpent ou un individu armé, par exemple, sont dits « intrinsèquement pertinents » car ils risquent de vous blesser.
Des conséquences corporelles : Dans le cas de la genèse d’une émotion, la détection de l’évènement dit pertinent va créer des modifications de l’état du corps. Par exemple, votre fréquence cardiaque ou respiratoire augmentera. Ces réponses corporelles caractérisent « l’expérience émotionnelle », c’est-à-dire, le fait de « ressentir » une émotion. Une conséquence importante de l’expérience émotionnelle est la modification de l’expression faciale et de la gestuelle. Exprimer, via le visage ou les gestes, l’émotion que l’on ressent est d’une importance capitale dans la communication interindividuelle. Cette expérience émotionnelle est à distinguer de « l’évaluation émotionnelle ». Cette dernière consiste, par exemple, à catégoriser des objets ou des images selon leur valence émotionnelle positive ou négative. Cette évaluation peut se faire de façon « froide », sans modification de l’état du corps et donc sans « expérience émotionnelle ».
Des conséquences cognitives : En plus de ses effets sur l’état du corps, l’émotion exerce des effets sur la cognition, le comportement et la prise de décision. Les effets attentionnels, très précoces, permettent d’orienter l’attention de l’individu vers les éléments pertinents car ils nécessitent un traitement prioritaire. En effet, une action urgente s’imposera pour approcher les éléments susceptibles de combler les buts et besoins de l’individu. De même, une action urgente s’imposera pour éviter les éléments potentiellement dangereux. Les effets mnésiques sont aussi importants car ils permettent d’enrichir l’expérience personnelle des contacts avec les éléments pertinents et des conséquences de ces contacts.
Cet article illustre le fait que l’émotion est au cœur des interactions entre l’esprit et le corps. De plus, trop longtemps considérée comme externe à la cognition, l’émotion est aujourd’hui perçue comme étant au cœur de la cognition, par ses interactions avec l’ensemble des systèmes cognitifs.